Le droit à l’oubli pour les personnes malades : attentes, désillusions et propositions

Signé ce mardi par François Hollande, le protocole d’accord  sur le droit à l’oubli pour les personnes ayant été atteintes par un cancer ne s’appliquera qu’à une minorité de personnes. Les e-patients  ont adressé une tribune, publiée par le journée L’Express,  réclamant « le droit à l’assurance pour tous« . 

Contexte

Le protocole d’accord prévoit trois avancées considérées comme majeures:

  1. Les enfants ayant eu un cancer avant l’âge de 15 ans auront le droit de ne rien déclarer à l’assureur cinq ans après la fin des traitements;
  2. Toute personne ayant été atteintes d’un cancer n’aura plus à déclarer son passé lors d’un contrat d’assurance à partir de 15 ans après la fin de leur protocole;
  3. Une grille de référence sera établie pour assurer les anciens malades à un tarif sans surprime bien que la fin de leurs traitements soit inférieure à 15 ans. Cette grille a vocation à être actualisée en fonction des avancées de la médecine.

A la lecture du protocole, on se rend compte des limites de son périmètre 

D’abord, la limitation aux enfants en dessous des 15 ans : quelle prise en compte des adolescents et jeunes adultes frappés de plein fouet par la maladie lors de leur parcours de construction professionnel? Tout simplement abandonnés à leur sort !

Quant aux personnes ayant terminé leurs traitement depuis au moins quinze ans, ce n’est pas mieux.Il suffit de se référer à l’épidémiologie du cancer en France pour se rendre vite compte que la moyenne d’âge au moment du diagnostic dépasse largement les 50 ans. Ce qui signifie qu’un cancer à 52 ans oblige la personne à reporter tout plan futur à l’âge de 67 minimum. Sans parler de thérapies très communes telles que l’hormonothérapie, dont la durée est établie à 5 ans depuis la fin des traitements et destinée à s’allonger à 10 ans selon les dernières guidelines définies au congrès mondial de cancérologie, l’ASCO. Une thérapie qui intéresse 70% des femmes atteintes d’un cancer du sein : autant dire qu’elles ne pourront songer à un quelconque projet de vie que 25 ans après la chirurgie  !

Le troisième point annoncé par la mesure est celui de la grille d’évaluation…pour le moment la proposition concernée est très modeste : certains cancers du testicule et de la thyroïde. Pas vraiment de quoi changer la donne.

Mais surtout « Le droit à l’oubli laisse de côté toutes les personnes qui ne guériront jamais« 

Et si l’on ne guérit pas? Si, grâce à l’avancement thérapeutique, on peut continuer à vivre avec une maladie autrefois incurable ? Si les traitements à prendre durent toute la vie? Dans ce cas, rien n’est prévu. Et le droit à l’oubli va creuser le fossé entre malades et guéries, jeunes et moins jeunes, cancers et autres maladies.

Cet argument majeur est développé dans la tribune que le journal L’Express a bien voulu publier mardi dernier reprise par plusieurs articles de presse.

Merci à tous ceux qui la liront et partageront notre vision !

 

 

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